Du côté des adultes de la famille, c’est-à-dire mon père et ma mère, il n’y avait pas de « programme de vacances ». Un bon matin de juillet, mon père suggérait à ma mère : « Allons voir ma sœur Florette au Saguenay. » Ou « Tiens, ça fait longtemps que t’as pas vu ton frère Ludger au Nouveau-Brunswick ; une petite visite, ça lui ferait plaisir ! » Leurs vacances coïncidaient toujours avec nos séjours à la campagne où Tante Mai, la conjointe de Lucien, s’occupait de nous et voyait à ce que nos jeux ne deviennent pas trop téméraires.
Quand je vois des gens partir en vacances aujourd’hui, j’ai toujours le goût de leur poser deux questions : « Que fuyez-vous » ? « Que cherchez-vous » ? On peut aller en vacances pour fuir des personnes, des situations, des environnements désagréables. Mais je remarque que nos vacances – tant celles de nos parents que les nôtres – n’avaient pas pour but de fuir, mais de chercher. Pour nous, à la campagne, chercher un état primordial de contact harmonieux avec la création. Pour nos parents, renouer le contact avec ce qui était important pour eux : la famille. Il me semble que les vacances les mieux réussies ne sont pas celles où l’on fuit, mais où l’on cherche (et où l’on trouve aussi !) un contact, un lien, une rencontre. Rencontre avec soi, avec la création, avec des gens qu’on aime, avec le Tout Autre. Prendre des vacances où l’on ne crée aucun lien, c’est un peu prendre des vacances de soi-même, de sa propre humanité. Il me semble qu’on devrait revenir de vacances non seulement plus reposé, mais quelque part, plus humain. Et pas nécessaire de dépenser une fortune : les vacances les plus belles sont souvent celles qui coûtent le moins cher…
Texte de Georges Madore